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Professeur Michael Sela |
Le célèbre ancien vice-directeur de l’Institut Weizmann de Rehovot, Michael Sela, s’est vu remettre ce jeudi 31 mars le titre de Commandeur de la Légion d’Honneur à la Résidence de l’ambassade de France. Habitué des récompenses pour son travail la remise de ce titre confirme, une fois de plus, la reconnaissance de la France à ce grand scientifique.
Auréolé de nombreuses récompenses pour ses travaux, il a notamment reçu le Prix d’Israël dans les Sciences de la vie en 1959, le Prix Rotschild en 1968, le Prix de l’Institut français de la vie en 1984 et s’apprête ce soir à recevoir l’insigne de Commandeur de la Légion d’Honneur, après avoir reçu celles d’officier en 1987. Est aussi à inscrire à son palmarès la création de la première société israélienne immunologique. Après avoir jeté les bases de ce domaine en Israël, il a enseigné de par le monde pour contribuer à la recherche dans ce domaine.
C’est à la tombée de la nuit que M. Sela est arrivé à la Résidence de l’Ambassadeur de France en Israël, M. Christophe Bigot. Au milieu de la société franco-israélienne, le scientifique s’est vu remettre la récompense institué en 1802 sous le règne de Napoléon Bonaparte.
Tout au long de son discours, l’ambassadeur a souligné son admiration non seulement pour le parcours de M. Sela, mais surtour pour l’homme lui-même. “Nous accueillons aujourd’hui un grand scientifique évidemment, un grand ami de la France, et tout simplement un grand homme”.
Il a ensuite vanté le rôle que le Professeur a joué pour la renommé de l’Institut Weizmann. “Bien sûr vous êtes un grand chercheur, vous avez fait la réussite de l’Institut Weizmann. Grâce à vous cette institution est aujourd’hui l’un des établissements les plus performants du monde. Avec Simone Weil, vous avez notamment réussi à instaurer un partenariat exceptionnel entre l’Institut Weizmann et l’Institut Pasteur en France”.
M. Bigot a ensuite gentiment ironisé sur la courte carrière du scientifique dans la diplomatie. “J’ai découvert aussi que vous étiez un ancien collègue. Vous avez en effet servi l’Etat d’Israël deux année durant à Prague, avant de nous quitter. Heureusement peut-être, car vous auriez privé la médecine, la pharmacie et la recherche de vos talents. Ou peut-être, si vous êtes aussi doué en diplomatie que dans le domaine scientifique, vous auriez réussi à amener la paix dans ce pays”.
L’ambassadeur a finalement conclu en expliquant la raison de cette troisième récompense. “Tout simplement parce que vous êtes un grand ami de la France. L’étroite collaboration que vous avez instauré avec l’Institut Pasteur, notamment grâce à Mme Weil et à M. Monnot, en est aujourd’hui la preuve. La France, depuis longtemps a reconnu vos mérites. Pour conclure, je dirai que c’est la France qui aujourd’hui est honoré de vous compter parmi ses amis”.
Lui répondant dans un français parfait, le scientifique a remercié chaleureusement la France toute entière pour les honneurs qu’elle lui a rendu, affirmant qu’il avait toujours été très lié à l’Hexagone. M. Sela a ensuite continué par des anecdotes personnelles, notamment celle de son attribution de la chaire Albert Einstein au Collège de France en 1971.
La cérémonie s’est enfin terminée sur la remise, effective de la médaille au chercheur. Salué par de nombreux applaudissements, M. Sela a ensuite dû se frayer un chemin au milieu d’une assemblée constitué de présidents de sociétés, de professeurs, de scientifiques et d’amis pour accorder à Israel Valley cet entretien.
Interrogé tout d’abord sur la signification pour lui de cette récompense, l’ancien responsable de l’Institut Weizmann nous a répondu avec émotion qu’il était “tout d’abord reconnaissant. Je suis profondément lié à la France et cela depuis des années. Cela fait vingt-quatre ans maintenant que j’ai eu ma première décoration. Je n’avais aucune idée que je recevrai celle-ci”, a-t-il modestement ajouté. Loin de se rendre pleinement compte de sa notoriété dans les milieux scientifiques français, le chercheur se considère avant tout l’obligé de la France.
Pionnier de la recherche immunologique, M. Sela, au seuil de ses quatre-vingt sept ans, garde un oeil attentif aux évolutions dans ce secteur. Après lui avoir posé une question sur les avancées actuelles, il nous a confié qu’il “regardait avec attention deux nouvelles découvertes”. “Mais je ne peux pas encore en parler aux médias”, a-t-il ajouté. Pour Israel Valley cependant il a consenti quelques confidences. “Je peux malgré tout vous dire qu’elles sont dans la continuité de ces vingt dernières années. Elles concernent le cancer et mettent en oeuvre une combinaison”, a-t-il révélé.
“Une combinaison c’est lorsque vous prenez deux médicaments que vous faîtes agir ensemble. Dans certains cas, les médicaments ne marchent que séparément c’est vrai. Mais d’autres peuvent au contraire, en agissant ensemble, développer une synergie incroyable. Nous nous sommes en effet rendu compte que deux anticorps contre des mêmes récepteurs ont chacun une activité différente et cela créé une synergie impressionnante. Au moins un cancer pourrait être traité”, a-t-il développé.
M. Sela est bien connu pour ses recherches en immunologie, notamment dans la recherche sur les antigènes de synthèses, les molécules qui déclenchent les attaques du système immunitaire. Ses études ont conduit à la découverte du contrôle génétique de la réponse immunitaire, ainsi qu’à la conception de vaccins basés sur des molécules synthétiques.
Le professeur d’immunologie a également été le premier à introduire l’utilisation des polypeptides synthétiques linéaires et de branches comme antigènes, qui a mené à une meilleure compréhension du phénomène immunologique.