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Art Spiegelman (USA)

Art Spiegelman reçoit le Grand prix de la ville d'Angoulême


L'Américain Art Spiegelman présidera le prochain festival d'Angoulême, dans un an.


L'Américain Art Spiegelman présidera le prochain festival d'Angoulême, dans un an. Le père de Maus a été désigné par l'Académie des Grands Prix de la ville d'Angoulême à rejoindre ses rangs, dimanche 30 janvier à l'issue de la 38e édition du Festival international de la bande dessinée. Cela faisait plusieurs années que son nom circulait pour figurer dans ce panthéon d'auteurs fonctionnant sur le principe de la cooptation. L'Académie a manifestement fait fi du "reproche" qui était régulièrement fait à Spiegelman : être l'auteur d'une seule œuvre, magistrale certes, mais datée.

Publié dans sa propre revue, Raw, entre 1981 et 1991, Maus a eu un impact considérable au moment de sa sortie, devenant la première bande dessinée (et la seule à ce jour) à avoir obtenu le prix Pulitzer (en 1992). Réalisée à partir de témoignages recueillis auprès de son père, un juif polonais ayant survécu aux ghettos polonais et à Auschwitz, cette allégorie sur la Shoah utilise la technique du zoomorphisme consistant à donner aux humains l'aspect d'animaux (des souris pour les juifs, des chats pour les Nazis, des chiens pour les Allemands…). Maus a été traduit dans trente langues à ce jour et continue d'être l'objet d'études universitaires et d'expositions.
Dans un entretien donné au Monde en 2008 à l'occasion de la sortie deBreakdowns (Casterman) – un autoportrait consacrée à ses débuts dans la presse underground– Art Spiegelman confiait être encore habité par Maus " C'est treize ans de ma vie ". Sa carrière d'artiste, née des lectures de Mad, ne s'est évidemment pas arrêtée là. Entré au New Yorker en 1993, il y réalisera des illustrations qui feront date, notamment une couverture du 24 septembre 2001 laissant deviner la silhouette des tours du World Trade Center sur un fond noir.
Un an plus tard, Spiegleman claquera la porte de l'hebdomadaire – où son épouse française, la directrice artistique Françoise Mouly continue de travailler – pour " protester contre l'asservissement des médias " au pouvoir incarné par George W. Bush. Le 11-Septembre sera quelques années plus tard le thème d'un nouvel album que la critique saluera également malgré son aspect expérimental, A l'ombre des tours mortes (Casterman). Joint par téléphone, dimanche, Art Spiegelman a rappelé qu'il avait soutenu la bande dessinée française en tant qu'éditeur aux Etats-Unis et promis qu'il ferait aussi bien que le dernier Américain à avoir reçu le Grand prix à Angoulême, Robert Crumb.
LES MEILLEURS ALBUMS DE L'ANNÉE
Concernant le palmarès des meilleurs albums de l'année écoulée, le jury du festival d'Angoulême, présidé par Baru, a attribué son "Fauve d'or" à l'Italien Manuele Fior, 36 ans, pour Cinq mille kilomètres par seconde, publié par l'éditeur suisse Atrabile. Dans cette histoire d'amour à distance dans laquelle les nouvelles technologies jouent un rôle idéalisé, l'auteur fait preuve du raffinement qui caractérise une œuvre inattaquable commencée en 2004 et notamment marquée par l'adaptation deMademoiselle Else (Delcourt) d'Arthur Schnitzler.
Conteur de l'intime, ce spécialiste de l'aquarelle vivant à Paris a pour mérite d'avoir supplanté l'Américain David Mazzucchelli, lequel s'est vu logiquement remettre le prix spécial du jury pour Asterios Polyp (Casterman), œuvre protéiforme encensée par la critique des deux côtés de l'Atlantique (lire Le Monde des livres du 28 janvier). La logique a également été respectée pour le prix de la meilleure série, décerné au tome 4 d'Il était une fois en France (Glénat), la saga historique deSylvain Vallée et de Fabien Nury. Souvent qualifié de "meilleur scénariste" du moment, ce dernier avait trois albums dans la sélection officielle.
A noter enfin que le seul manga figurant parmi la liste des 58 nomminés – Pluto(Kana), de Naoki Urasawa – a reçu le prix Intergénérations.

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