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Claude Berri (France)

Figure incontournable du cinéma français, Claude Berri, qui avait été hospitalisé d'urgence dans la nuit de samedi à dimanche à l'hôpital de la Salpétrière à Paris, est décédé lundi matin des suites "d'un accident vasculaire cérébral". Il était âgé de 74 ans.

Un deuil terrible pour le cinéma français. Claude Berri, admis au service de réanimation de la Salpétrière dans la nuit de samedi à dimanche, est décédé lundi matin des suites "d'un accident vasculaire cérébral". Dès dimanche après-midi, les médecins se montraient très pessimistes en raison d'un "hématome intracrânien". Claude Berri avait déjà souffert d'un accident vasculaire cérébral il y a quelques années.

Né Claude Langmann en 1934, il était le fils d'un fourreur et d'une ouvrière. Après avoir brièvement exercé le métier de son père, il s'était lancé dans une carrière de comédien, prenant le nom de Berri. Il a joué notamment dans "Rue de l'Estrapade" (1952) de Jacques Becker et "Le blé en herbe" (1953) de Claude Autant-Lara. Mais son succès restait modeste. En tant que réalisateur en revanche, le succès fut immédiat. Son premier court-métrage, "Le Poulet" (1962) remporta l'Oscar du meilleur court-métrage en 1965. De 1967 à 1970, Claude Berri a produit, réalisé et interprété quatre longs métrages à l'inspiration très autobiographique : "Le vieil homme et l'enfant" avec Michel Simon, "Mazel Tov", "Le pistonné" et "Le cinéma de papa". En 1983, "Tchao Pantin" avec Coluche est un énorme succès tout comme les adaptations de Pagnol, "Jean de Florette" et "Manon des sources" qui ont suivi. En 1993, son adaptation de "Germinal" d'Emile Zola réunit une pléiade de célébrités (Gérard Depardieu, Laurent Terzieff, Jean Carmet, Miou-Miou, Anny Duperey...). Parmi la vingtaine de films à son actif Claude Berri aura également réalisé "Lucie Aubrac" (1997), "La débandade" (1999), "Une femme de ménage" (2002), "L'un reste l'autre part" (2005), inspiré de la vie du cinéaste, dont l'un des enfants, le comédien Julien Rassam, décédé en 2002, était devenu tétraplégique en 1998. Sorti au printemps 2007, son dernier opus, "Ensemble c'est tout" tiré du best-seller d'Anna Gavalda réunissait Audrey Tautou et Guillaume Canet.

Outre ses propres oeuvres, le fondateur de Renn Productions (1963) avait produit une cinquantaine de films éclectiques : "Tess" de Roman Polanski, "Astérix contre César" de Claude Zidi, "La Reine Margot" de Patrick Chéreau, "L'Ours" et "L'Amant" de Jean-Jacques Annaud et plus récemment "Bienvenue chez les Ch'tis" de Dany Boon. Mais aussi les réalisateurs Eric Rohmer, Maurice Pialat, André Téchiné, Claude Sautet, Philippe de Broca, Alain Chabat, Les Inconnus, Costa-Gavras...

Claude Berri a aussi été président de la Cinémathèque Française de septembre 2003 à juin 2007. Enfin, il a mis sa vie à nu dans un livre "Autoportrait", publié en 2003. Il était aussi le père du producteur et acteur Thomas Langmann et le compagnon de la romancière Nathalie Rheims.

Grand amateur et collectionneur d'art, Claude Berri a ouvert en mars dernier à Paris un lieu dévolu à l'art contemporain, l'Espace Claude Berri. Cet espace, situé dans le quartier du Marais à Paris, a pour but de "montrer des artistes que je ne connaissais pas avant", avait affirmé le cinéaste dans une présentation de ce nouveau site. Le cinéaste collectionnait depuis les années 1970, de l'art moderne et contemporain, du design ou de la photographie. Il a rassemblé une des plus importantes collections d'art contemporain en France, avec des oeuvres de Robert Ryman, Richard Serra, Bruce Nauman, Dan Flavin, Paul McCarthy, Wim Delvoye ou Subodh Gupta.

Claude Berri était en train de réaliser avec François Dupeyron +Trésor+, une comédie avec Mathilde Seigner et Alain Chabat, son vingtième film en tant que réalisateur. Le film se poursuivra malgré sa disparition.europe1

Ted Lapidus (France)

Créateur et styliste français

Styliste en vogue des années 1960, il adorait les femmes, qui le lui rendaient bien.

Ted Lapidus qui révolutionna les années 1960 en habillant les femmes comme il les aimait dans la vie, dans la rue et non pas dans les salons ou sur papier glacé, vient de nous quitter. Il s'est éteint à la clinique de Mougins après s'être retiré à Cannes il y a une quinzaine d'années. Fortune faite ? Sans doute : la mode actuelle lui doit tout. Sa décontraction et son androgynie. Sa modernité. Ted Lapidus fut le couturier le plus moderne des Trente Glorieuses. En 1965, tailleur hors pair, cet inconnu lance le style unisexe et proclame la mobilisation générale de la femme à grand renfort de pardessus d'officier, de boutons dorés ciselés et d'épaulettes militaires. Les pantalons pattes d'ef sous cabans, Ted les rend soudain populaires. Françoise Hardy addict à Courrèges confirmera la tendance. Bardot, Marie Laforêt, Madeleine Robinson, la duchesse de Bedford seront ses fans. Alain Delon et Vadim, Capucine et Annabel Buffet ses mannequins. Époque étourdissante où ce grand amoureux de la femme escamota les minijupes sous des manteaux d'Il était une fois dans l'Ouest et où le Tout-Paris courait place Victor-Hugo. Il y avait ouvert une boutique commanditée par son copain Charles Aznavour et dirigée par son frère Bernard et sa belle-sœur Claudia. Chez les Lapidus, la famille, c'est sacré !

Ted poète et homme d'affaires. Il vous lisait ses poèmes au dessert et laisse un ouvrage de 700 pages qu'il envisageait de faire éditer prochainement. La technologie n'avait plus de secrets pour cet élève de l'École technique de Tokyo, quand il en sortit en 1949, décidé à révolutionner la mode en lui appliquant les principes de production normalisée. Il réalisera ce rêve en 1963 en s'associant, au grand scandale des puristes de la haute couture, avec La Belle Jardinière, un grand magasin populaire qui lui offrit de diffuser en grande série sa mode masculine et féminine. Personne n'était moins confidentiel que cet homme, aussi visionnaire dans son genre que le fut Pierre Cardin.

Comme Cardin, Ted démarra par un passage éclair chez Dior avant d'ouvrir avec sa jeune sœur Rosette dans son ombre, sa première maison de couture. Rue Marbeuf. Je me souviens de sa première collection. La presse était venue si nombreuse que le podium déborda des salons sur le trottoir, où les journalistes s'installèrent sur des sièges de fortune pour prendre des notes. Un grand couturier venait de leur tomber du 5e étage avec des silhouettes à la Kiraz. On lui fit une ovation. Quand la rue Marbeuf s'avéra trop exiguë, on s'envola au 32 de la rue François-Ier. C'était en 1982. La roue tourna. En 1986, un groupe canadien le rachète, qui le revend en 1989 à Franz Braha, PDG du groupe Paris Eco. Changement de mains en 1990 : la griffe passe entre celles d'Alain Mallard, qui, en 1993 la cède à une filiale du Crédit lyonnais. Ted attire les capitaux. Son affaire est internationalement connue. Mais le nom lourd à partager.

Ce n'est qu'en 1989 qu'Olivier Lapidus réconcilié avec son père prend la tête de la maison. Sous son nom enfin ! Nom magique qu'on ne partage pas.

Quand Rose Mett, la sœur de Ted ouvre sa maison de couture, elle renonce à son patronyme pour un nom créé de toutes pièces, Torrente. Quand son fils Olivier, sorti premier en 1983 de l'école de la chambre syndicale, fait son entrée dans la cour des grands, le droit au nom lui est refusé. Il sera, pendant des années, Olivier L avant de regagner, enfin, son droit au patronyme.lefigaro