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Daniel Carasso (Espagne)

La mort de "M. Danone"

Daniel Carasso, fils du fondateur de Danone, est mort ce dimanche à l'âge de 103 ans. Il y a cinq ans, Burno Abescat l'avait rencontré pour un grand entretien. Voici les paroles de cet «acteur clef», selon le mot de Félix Torres et Pierre Labasse, de l'histoire de la firme alimentaire. Cet Espagnol polyglotte avait accepté de recevoir en exclusivité L'Express à Barcelone, où il résidait - là même où son père, Isaac, avait lancé Danone en 1919 - et de raconter les origines de ce qui est devenu l'une des premières marques alimentaires du monde

Comment votre père a-t-il eu l'idée de faire des yoghourts?

Comme tous les juifs d'Espagne, ma famille a été expulsée en 1492. Elle s'est installée à Salonique, alors dans l'Empire turc, où elle a vécu quatre siècles en gardant la nationalité espagnole. Mon père, Isaac, y est né. Lorsqu'il est rentré à Barcelone, en 1912, il a d'abord repris son métier de négociant en huile d'olive. Ce n'est qu'après la Première Guerre mondiale qu'il s'est lancé dans la fabrication de yoghourts. A Salonique, c'était un produit courant que les commerçants vendaient au kilo dans les rues et dont mon père connaissait les vertus. Mais, pour lui, cette activité ne devait être qu'un hobby!

Quand commence l'histoire de Danone?

En 1919, calle Los Angeles, près des Ramblas, dans un petit atelier au rez-de-chaussée d'une maison dont nous occupions le dernier étage. Mon père a commencé seul, avec un neveu et deux employés. Mais c'était un esprit ouvert, curieux des progrès scientifiques. Sur les conseils de médecins, il a introduit dans ses yoghourts des ferments lactiques qu'il faisait venir de l'Institut Pasteur, à Paris. Son produit était sophistiqué, mais sa réalisation restait empirique: le lait était chauffé dans deux cuves en cuivre étamé - il n'y avait pas d'acier inoxydable - et remué à la main à l'aide de pelles en bois. Je me souviens qu'il faisait très chaud et humide. Puis le liquide, presque bouillant, était versé dans les pots à l'aide de brocs. Sans le savoir, mon père pasteurisait le lait et stérilisait les pots! Les premiers yoghourts, vendus à l'origine dans les pharmacies, devaient être livrés dès le lendemain matin. Pour cela, mon père a eu l'idée de faire appel à des employés de la poste et des tramways.

Il avait aussi le sens du marketing...

Il a tout de suite attaché de l'importance à la présentation et fait spécialement fabriquer des pots et des couvercles en porcelaine décorée qui étaient consignés. Et puis, il a trouvé la marque. Il me surnommait alors affectueusement «Danon» - «petit Daniel» en catalan. Comme il s'agissait d'un nom propre et qu'il ne pouvait pas l'enregistrer sous cette forme, il a ajouté un «e».

Daniel Carasso est l'aîné des trois enfants d'Isaac et son seul fils. Après des études de commerce à Marseille, un stage de bactériologie à l'Institut Pasteur à Paris, et une expérience professionnelle sans lendemain, le jeune homme décide de suivre les traces de son père, mais en France. Le 6 février 1929, la Société parisienne du yoghourt Danone débute son activité dans une boutique du XVIIIe arrondissement. Et la première usine ouvre en 1932, à Levallois-Perret.

Mon rêve était de compléter l'?uvre paternelle en lui donnant une dimension plus moderne et internationale. J'avais tous les culots. Au début, j'ai même osé mettre sur mes pots une petite étiquette: «Préparé selon les prescriptions du Pr Metchnikoff, de l'Institut Pasteur»... J'étais un peu inconscient!

Très vite, vous faites appel à la pub...

Pour moi, le yoghourt devait être un aliment de santé mais aussi de plaisir, afin de toucher une plus large clientèle. Je suis donc allé voir Etienne Damour, qui dirigeait à l'époque la plus grande agence de publicité de Paris. Je n'avais pas de rendez-vous, et c'est par un coup de chance que j'ai pu lui parler. «Mon petit, m'a-t-il dit, ce n'est pas que vous n'êtes pas méritoire, mais cette maison est beaucoup trop importante pour vous.» Pour autant, il m'a recommandé à un ami, Roger-Louis Dupuy, qui m'a trouvé mon premier slogan: «Délicieux et sain, Danone est le dessert des digestions heureuses».

Vous modernisez aussi la production.

Je ne voulais plus voir, comme en Espagne, des hommes remuer des pelles pour évaporer le lait. J'ai donc expliqué mes besoins à un fabricant d'appareils de laboratoire, M. Lequeux. Pour moi, il a adapté plusieurs procédés - des pales électriques, un système de récupération de la buée... Un sous-traitant de Citroën m'a aussi conçu une machine pour laver les pots. Je crois que je devais intriguer tous ces messieurs.

Quand avez-vous commencé à innover?

J'ai lancé Dany, le premier yoghourt aromatisé aux fruits, en 1937. Contre l'avis général. Surtout, la législation d'alors interdisait d'introduire quoi que ce soit dans un produit laitier. Je suis donc allé voir les gens des fraudes, qui m'ont permis de faire un essai pendant trois mois. Et, finalement, c'est la réglementation qui a été modifiée.

La guerre contraint Daniel Carasso à se réfugier aux Etats-Unis, en novembre 1941, après avoir pris soin de placer l'entreprise entre des mains amies. A New York, il rencontre, par l'entremise de son beau-père, le Dr Herman Baruch.

C'était un homme très important. Lors d'un dîner, apprenant que je faisais des yoghourts à Paris, il m'a raconté que son père médecin lui avait toujours dit que ce produit était merveilleux pour la santé. Il s'est alors tourné vers mon beau-père et a dit: «J'aimerais faire des affaires avec ce garçon.» Son objectif était d'apprendre aux Américains à mieux se nourrir. C'est comme cela, sans un sou, que j'ai pu, avec lui et quelques autres associés, constituer, en 1942, Dannon Milk Products. J'apportais la marque, le know-how et une petite affaire en pleine déconfiture que j'avais rachetée à un couple de Grecs. En échange, j'étais nommé président et je recevais 50% des parts. C'est également sur sa recommandation que j'ai pu rencontrer le grand designer Raymond Loewy. «Danone, le nom ne va pas, m'a-t-il expliqué. Les Américains vont prononcer «Dénoni».» Sur une grande feuille de papier, il a alors écrit «Dannon» en appuyant sur le «a» et en supprimant le «e». Puis il m'a dessiné un logo en ajoutant «real yoghurt». Il ne m'a pas demandé un cent!

Les choses sont plus compliquées avec les syndicats...

Je parlais encore mal l'anglais. Mon avocat me conseillait de ne pas négocier directement. Moi, je pensais malgré tout qu'il fallait que je rencontre personnellement le délégué. Il s'appelait Max Sweeny. C'était un Irlandais, costaud, qui représentait le Syndicat des transporteurs. Il ne voulait pas entrer dans mon bureau de crainte qu'on l'accuse de collusion. Il m'a présenté un contrat, calqué sur les salaires de la profession. Ce projet était insupportable pour ma jeune entreprise et je lui ai dit: «Je veux bien porter l'uniforme, mais à condition que vous me le fassiez sur mesure.» On a eu de longues discussions et on a fini par trouver un terrain d'entente.

De retour en France, Daniel Carasso va bénéficier de l'élévation du niveau de vie. Durant les Trente Glorieuses, Danone multiplie les innovations et change de dimension. Cette rapide expansion pose vite des problèmes logistiques.

J'avais toujours pensé, jusque-là, que je devais contrôler la distribution sans faire appel à des intermédiaires. Danone était un enfant qui devait être choyé par sa mère et non par une nurse. Mais, face à la demande croissante, il fallait s'organiser autrement. C'est pour cela, dans les années 1950, que nous avons noué des accords avec le groupe Gervais, dont les produits étaient complémentaires des nôtres, et créé des centres de distribution communs. Ce partenariat nous a conduits, au printemps 1967, à fusionner. Notre objectif avec Jacques Corbière [président de Gervais] était alors, aussi, de nous diversifier dans l'alimentaire, et nous avons commencé à racheter, dans les pâtes, la société Milliat Frères puis le leader, Panzani, et, dans les conserves, les marques Petitjean et Lhuissier.

Au tournant des années 1970, Gervais Danone est déjà la première affaire française de produits laitiers. Mais la concurrence s'internationalise. De son côté, Antoine Riboud, qui dirige le groupe verrier BSN, cherche à renforcer sa nouvelle branche alimentaire.

J'ai rencontré Antoine Riboud en 1972, à Fontainebleau, lors d'un conseil du Cedep, qui était un organisme de perfectionnement des cadres. J'avais entendu parler de lui à l'occasion de la tentative d'OPA de BSN sur Saint-Gobain. Le courant est tout de suite passé entre nous. Comme moi, Antoine avait envie de faire de Danone une marque consommée dans le monde entier. Nous avons fini par fusionner nos sociétés en 1973. C'est l'une de nos meilleures décisions. En trente ans, les Riboud ont bâti l'un des premiers groupes alimentaires mondiaux.

Aujourd'hui, il se consomme chaque jour dans le monde quelque 80 millions de pots de Danone. Antoine Riboud est décédé le 5 mai 2002, six ans après avoir installé son fils, Franck, aux commandes. Si Danone devait demain faire l'objet d'une OPA, comment réagiriez-vous?

Je me réjouis, d'abord, qu'après tant d'années Danone soit si courtisé! Mais un tel événement m'affecterait, bien sûr. Cela étant, j'ai confiance en Franck pour garder le groupe indépendant. Il en a les atouts.
lexpress

Shai Agassi (Israel)

Le Time Magazine a publié jeudi sa liste des 100 personnes les plus influentes de l’année 2009

Selon Guysen : “Deux Israéliens y figurent cette année : le ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman et le leader de la high-tech israélienne Shaï Agassi. Avigdor Lieberman apparaît dans la catégorie “Leaders et révolutionnaires” et Shaï Agassi a été nommé dans la catégorie scientifiques et penseurs. En 2008, Tsipi Livni était la seule figure israélienne à faire partie de la liste”.—

ISRAELVALLEY PLUS
UN ARTICLE PUBLIE L’AN DERNIER DANS ISRAELVALLEY
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le projet israélien de voiture électrique, associant la start-up de Shaï Agassi et l’alliance Renault-Nissan, ne laisse pas indifférent.

Dimanche 11 mai, les instigateurs de « Project Better Place » l’ont illustré à Tel-Aviv, à l’occasion d’un premier rapport d’étape, couplé d’un essai du prototype.

« Nous avons été submergés de demandes. Pas moins de trente pays se sont déclarés intéressés par notre concept depuis son lancement officiel à la fin du mois de janvier dernier», a affirmé l’entrepreneur israélien Shaï Agassi. Nous avons dû même mettre en ligne en anglais la législation israélienne dans le domaine de la taxation automobile ! ».

Le Danemark a été le premier à s’inscrire sur la liste des intéressés, sa compagnie Dong Energie (spécialisée dans l’énergie éolienne) ayant signé une lettre d’intention pour adopter la solution globale de « Project Better Place ».

Une adhésion d’autant plus flatteuse que le Danemark fait partie des pays les plus en pointe dans le domaine des énergies alternatives. Mais la direction de la start-up n’exclut pas d’annoncer d’autres protocoles avant la mise en place en Israël des premiers réseaux électriques en 2010.

Selon le journal économique israélien « Globes » de ce jour, Shai Agassi serait en pourparlers avec un état du Golfe Persique, désireux de décliner la formule dans l’énergie solaire…

Pour l’enfant prodige de la « high tech » israélienne, passé par les rangs de SAP, et qui partage son temps entre son pays d’origine et la Sillicon Valley, une chose est claire : le projet voiture électrique va changer l’image de l’Etat Hébreu.

« Depuis le lancement de Sussita (ndlr : la voiture israélienne best seller des années 60), rien ne s’était passé dans le domaine automobile dans notre pays !

Avec ce projet calqué sur celui de la téléphonie mobile, j’espère bâtir non pas un mais plusieurs Nokia en Israël », a poursuivi Shaï Agassi, pour qui Renault-Nissan devra injecter « entre 500 millions et 1 milliard de dollars » dans le programme.

A ses yeux, la création de cette solution globale s’apparente en effet « non pas à l’établissement d’un monopole » mais à la mise en place d’un « nouveau standard » ouvert à tous.

Par ailleurs, Moshe Kaplinsky, l’ex-adjoint du chef de l’Etat-major de Tsahal, qui a pris les commandes de la start-up « Better Place Israël », a présenté les résultats d’un sondage indiquant que la plupart des Israéliens adhéraient au concept.

Selon cette étude de marché lancée auprès d’un millier de consommateurs, un Israélien sur six serait prêt à acquérir un véhicule électrique ; 46% jugent que le passage à une voiture électrique sera « facile » ; tout en se déclarant prêts à payer 10% plus cher pour un véhicule respectant l’environnement…

De son côté, Idan Ofer, CEO d’Israel Corp, qui a mis plus de 100 millions de dollars dans cette aventure, s’est félicité de la notoriété du projet, auprès des constructeurs automobiles. «

En un an, le prix du brut est passé de 80 à 120 dollars : il est clair que la Chine et l’Inde seront également amenés à adopter la voiture sans essence. A nous d’être prêts ! »—
israelvalley

le blog de shai Agassi