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Willy Ronis (France)

Le photographe français Willy Ronis est mort aujourd'hui à l'âge de 99 ans. Associé au courant humaniste et idéaliste, contemporain de Doisneau et de Cartier-Bresson, Willy Ronis, le doyen des photographes, était un tendre témoin de Paris et des petites gens qui s'était révélé par ses reportages sociaux au temps du Front populaire.

Cofondateur après la guerre de l'agence Rapho, Willy Ronis, qui n'a connu une juste consécration qu'au détour des années 70, ne s'estimait "ni intrus, ni voyeur", mais plutôt "romancier de la photo".

Né en 1910, à Paris, au pied de la butte Montmartre, l'auteur des "Amoureux de la Bastille" a réalisé son premier cliché à l'âge de 16 ans. Son père, ukrainien, amateur d'opéra, était photographe de quartier, sa mère, lituanienne, professeur de piano. Après son service militaire (1932), il reprend la boutique de son père, malade: "quatre années d'enfer" pour lui. Dès qu'il le peut, le jeune homme s'évade à la montagne, et réalise avec un vieux Rolleiflex en bois des reportages sur les sports d'hiver. Il découvre qu'il peut "exprimer quelque chose de personnel".

Photographe pour la presse
A la mort de son père en 1936, Ronis se débarrasse du magasin et devient photographe pour la presse, l'industrie, la mode et la publicité. Le Front Populaire lui donne l'occasion de publier dans la revue "Regards" ses premiers reportages sociaux. Derrière l'ojectif, son oeil bleu photographie les grèves, notamment chez Citroën, les occupations d'usine, les meetings populaires, le travail à la chaîne et les congés payés.

A l'agence Rapho avec Doisneau
Pendant la guerre, Willy Ronis, qui est juif, gagne le sud de la France et devient au hasard des rencontres régisseur de théâtre, aide-décorateur de cinéma ou peintre sur bijoux. A la Libération, il ressort son matériel du placard, participe à la renaissance de la presse illustrée et fait partie de la première équipe de l'agence Rapho avec Doisneau et Brassaï. Il touche à tout : reportages d'actualité, portraits, publicité, mode, et publie dans les plus grands magazines de l'époque ("Life", "Vogue"...).

Reconnu et fêté depuis 30 ans
Mais Ronis, c'est aussi l'amoureux de Paris. Celui qui se balade, appareil en bandoulière, sans rien chercher d'extraordinaire pour finalement offrir des clichés personnels, tendres et sincères sur la vie de tous les jours des gens ordinaires. Ronis est avant tout un photographe de l'humain.

En 1955, Ronis quitte Rapho (qu'il rejoindra plus tard). Il se consacre alors à la mode et à la publicité. Enseignant la photo à Paris et en Provence à partir de 1968, le Parisien se retire onze années à Gordes (Vaucluse) et retrouve la capitale en 1983. Cette année-là, il fait don de ses archives à l'Etat, mais en reste le dépositaire de son vivant.
Depuis 30 ans, le talent de Willy Ronis est reconnu et fêté : Grand Prix des arts et lettres pour la photographie (1979), prix Nadar pour son livre "Sur le fil du hasard" (1981), grandes rétrospectives parisiennes... En juillet dernier, il était l'invité d'honneur des 40e Rencontres photo d'Arlesa letelegramme

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