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Raphaël Haddad (France)

Durban II
Raphaël Haddad: «J’avais des nez plein les poches»


A la tête d’une association juive, Raphaël Haddad a lancé son nez de clown sur Ahmadinejad pour dénoncer une mascarade.

Renaud Michiels - le 22 avril 2009
Le Matin



La scène a déjà fait le tour du monde. Plusieurs fois. Lundi, lors de la conférence de l’ONU sur le racisme, à Genève, trois clowns ont perturbé le discours haineux de Mahmoud Ahmadinejad. Deux, sur les balcons, hurlaient «raciste» et «honte». Le dernier, dans la salle principale, face au président iranien, lui a balancé un nez rouge à la figure.

«Je l’ai raté»
«Je l’ai raté, soupire Raphaël Haddad. Puis je n’ai eu que 3-4 secondes avant que les gardes interviennent.» Le Parisien de 24 ans n’a donc pas eu le temps de puiser dans ses munitions pour un second essai. «J’avais encore des nez plein les poches», sourit-il. Titulaire d’un master de conseil en stratégie d’entreprise, l’auteur de l’attentat clownesque est aussi président de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF). «Nous étions en fait en tout dix membres», raconte-t-il.

Pourquoi se grimer en clown? «On martèle depuis des mois qu’un sommet contre le racisme dirigé par la Libye de Kadhafi ne peut être que grotesque. Le noble combat de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme est complètement dévoyé. On voulait dénoncer le ridicule du sommet, montrer la bouffonnerie de ce cirque.» L’idée des clowns était née.

Pour le reste, à en croire Raphaël, rien de plus facile que d’entrer à l’ONU pour s’en prendre symboliquement à un président. «En tant qu’ONG, on était accrédités. Ma perruque était dans ma sacoche, et ça ne sonne pas au détecteur de métaux… Nous sommes entrés tranquillement mais nous étions à l’étage. Le plus compliqué semblait de pénétrer dans la salle du bas, qui nous était interdite. J’y suis allé au culot. J’ai simplement franchi la porte d’entrée avec naturel et personne ne m’a rien demandé.»

Le clown récidive
Il a ensuite attendu le bon moment. «Je ne me sentais pas en danger. Je pensais qu’en clown, je n’aurais pas l’air bien menaçant… L’idée restait de répondre aux agressions du président iranien par le grotesque.» La cible sera manquée, mais l’effet médiatique énorme. Puis les trois gardes ont viré – «gentiment», souligne-t-il – Raphaël de la salle tandis qu’il clamait qu’un «raciste ne peut combattre le racisme». Un minibus l’a ensuite mené aux portes de l’ONU avec ses deux compères clowns.

Et après, au trou? Interrogatoire musclé? «Rien de tout ça. On nous a posé trois petites questions, on nous a enlevé nos badges. C’est tout.»

L’UEJF, précise-t-il, n’est pas coutumière des coups d’éclat: l’association mène surtout des actions de prévention de l’antisémitisme. Mais Raphaël Haddad a peut-être pris goût au spectaculaire. Loin d’avoir filé à Paris, il a rameuté hier une soixantaine d’autres membres. «On est rentrés, on a distribué des nez rouges. Et on s’est tous fait virer.»

lematin

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