jewisheritage

Ronen Kadman et Omri Allouche (Israel)

Mieux conserver la biodiversité

Mieux conserver la biodiversité grâce au modèle mathématique proposé par un chercheur de l'Université de Jérusalem

La complexité des systèmes écologiques, qui se traduit par une variation importante dans la morphologie, la physiologie et le comportement des individus de différentes espèces, chez les individus d’une même espèce, ou chez une même personne dans des environnements différents, rend
 difficile la compréhension des mécanismes régissant la diversité des communautés écologiques.
En conséquence, la plupart des théories de la biodiversité sont soit limitées à un mécanisme unique, soit fondées sur des hypothèses très simplifiées et peut-être irréalistes. Ainsi, après plus d'un siècle de recherches intensives sur la diversité des espèces, le monde manque encore de solides fondements théoriques qui peuvent effectivement guider les décideurs.
Comment différentes espèces coexistent-elles dans la nature? Pourquoi certains lieux, comme les tropiques, ont-ils accueilli un grand nombre d'espèces, tandis que d'autres ne peuvent en accueillir que quelques-uns? Comment le changement climatique devrait-il affecter la diversité des écosystèmes naturels? A quel niveau de destruction de leur habitat les communautés écologiques peuvent-elles survivre, et selon quelles règles doit-on concevoir des réserves naturelles?
Tenant compte du fait que préserver la diversité biologique (Biodiversité) est crucial pour l'environnement, répondre à ces questions est maintenant l'un des plus grands défis du 21ème siècle.
Omri Allouche, dans sa thèse de doctorat, effectuée dans le département Evolution, Systématique et Ecologie à l'Université de Jérusalem sous la direction du Professeur Ronen Kadmon, fournit une base plus efficace pour la conservation de la biodiversité. Le cœur de sa nouvelle théorie de la diversité des espèces est un modèle mathématique qui prédit, à partir des propriétés de l'espèce (par exemple, les taux de natalité, de mortalité, et les migrations) et de l'environnement (par exemple, la disponibilité des ressources, la perte d'habitat, la fréquence des perturbations), le nombre d'espèces que l’on peut attendre dans une communauté écologique.
La généralité du modèle et sa souplesse en font un outil très efficace pour guider les gestionnaires de la conservation et les décideurs.Fait intéressant, le modèle fournit des informations nouvelles qui diffèrent souvent des notions communes de la conservation. Par exemple, contrairement à l'intuition que l'amélioration de la qualité de l'habitat (par exemple par l'enrichissement des ressources) doit promouvoir la biodiversité, la théorie d’O. Allouche prédit que l'enrichissement des ressources peut contribuer à réduire la biodiversité, résultat d’ailleurs confirmé par des études empiriques.
Un autre exemple est la réaction des communautés écologiques à la perte de leur habitat, qui est reconnue comme la plus grande menace pour la biodiversité. Souvent, la réponse d'un écosystème à la perte minime de leur habitat est utilisée pour prévoir les réponses attendues à une perte d'habitat à grande échelle. La théorie montre que ces prévisions peuvent être trompeuses, et que des communautés écologiques peuvent s’effondrer de manière soudaine avant même d’avoir atteint un seuil critique de la perte de leur habitat.
Un aspect particulièrement important pour la planification de la conservation est la prédiction de la réaction de la biodiversité au changement climatique mondial. La plupart des modèles actuels de réponses au changement climatique font l'hypothèse que la capacité de dispersion des espèces est illimitée. Dans son travail - qui lui a valu un Prix Barenholz à l'Université de Jérusalem – O. Allouche montre que cette hypothèse réduit considérablement le pouvoir prédictif de ces modèles et peut donc conduire à des conclusions trompeuses.
O. Allouche estime que sa contribution peut améliorer l’évaluation des risques potentiels pour la biodiversité et par là permettre aux responsables de la conservation et aux décideurs de concevoir plus efficacement les réserves naturelles, de mieux identifier et protéger les espèces menacées et ainsi de mieux conserver la diversité des communautés écologiques.



Aucun commentaire: